J'ai
choisi de ne plus exercer en crèche suite à ma formation
d'auxiliaire de puériculture. Ce n'est pas logique, me direz-vous,
mais ce choix m'est apparu comme une évidence à la suite d'une
expérience désastreuse en multi-accueil et de stages qui m'ont
beaucoup faite pleurer et réfléchir sur leurs pratiques.
Je
tiens à préciser qu'il s'agit ici de ma propre expérience et que
bien sûr, toutes les structures ne sont pas à mettre dans le même panier – j'en ai
d'ailleurs rencontrées des très bien durant mes stages (je vous en
parle aussi!) Il ne s'agit pas ici de justifier mes choix, mais de vous les expliquer car finalement, je me suis rendue compte que je n'étais malheureusement pas la seule dans cette situation.
A noter : il s'agit ici uniquement des points négatifs (qui sont nombreux je vous l'accorde), cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de points positifs à exercer en crèche. Il s'agit également de mon point de vue en tant que professionnelle de la petite enfance et non pas de maman (puisque je n'en suis pas une).
Note aux parents : je le répète : rassurez-vous, cela ne se passe pas comme ça dans toutes les structures, il y a des structures d'accueil vraiment très bien pour vos enfants. L'objectif ici n'est pas de faire peur aux parents ou aux futurs professionnels mais de donner les raisons - MES raisons - quant au fait de ne pas vouloir exercer en structure POUR LE MOMENT.
A noter : il s'agit ici uniquement des points négatifs (qui sont nombreux je vous l'accorde), cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de points positifs à exercer en crèche. Il s'agit également de mon point de vue en tant que professionnelle de la petite enfance et non pas de maman (puisque je n'en suis pas une).
Note aux parents : je le répète : rassurez-vous, cela ne se passe pas comme ça dans toutes les structures, il y a des structures d'accueil vraiment très bien pour vos enfants. L'objectif ici n'est pas de faire peur aux parents ou aux futurs professionnels mais de donner les raisons - MES raisons - quant au fait de ne pas vouloir exercer en structure POUR LE MOMENT.
- Le travail en équipe :
Je
sais pertinemment que le travail en équipe est essentiel, et j'en ai
moi-même besoin lors des journées particulièrement difficiles.
Lorsque nous avons des enfants sous notre garde, qu'il soit seul ou
que nous en ayons 15, nous avons forcément besoin de quelqu'un pour
prendre le relais ou de prendre un peu de temps pour nous recentrer.
Pour
cela, je suis très reconnaissante aux parents avec qui je travaille
de ne pas hésiter à interrompre ce qu'ils font pour venir prendre
le relais ou m'épauler lorsque j'en ai besoin !
Lors
de ma toute première expérience en crèche (avec un CAP Petite
Enfance), ce fût un problème de taille. Pourquoi spécialement à
cet endroit alors que j'avais déjà travaillé en équipe
auparavant ?
C'est
simple : je me suis retrouvée dans une équipe déjà formée
depuis des années. Sur toute l'équipe, nous étions seulement deux
« nouvelles » et toutes les autres exerçaient dans cette
structure depuis … Quoi ? 10 ans ? 15 ans ? 30 ans ?
Dans
cet échantillon de personnes, qui exercent depuis plusieurs années
dans la même structure ou dans le même type de structure, nous
aurons 2 types de personnes : celles qui sont ouvertes à
apprendre encore chaque jour (y compris de la part des plus jeunes d'entre nous)
et celles qui sont totalement fermées à cela et qui restent campées
sur leurs positions et refusent catégoriquement d'entendre ce que
nous avons à leur dire.
Dans cette structure, je me suis retrouvée
face à des personnes qui refusaient de faire de nouvelles choses et
qui ne voulaient rien entendre de ce que j'avais appris en formation
1 an auparavant. Ce fût donc une expérience désastreuse.
Je
suis arrivée là-bas et me suis rapidement trouvée référente du
groupe des bébés. J'avais des projets plein la tête mais tout
s'est très vite volatilisé.
Lorsque
j'ai proposé de sortir les bébés dans la cour, je me suis vue
répondre que « c'était trop dangereux car il y avait des
cailloux par terre » ou quand j'ai proposé de leur faire faire
de la peinture au corps on m'a répondu « que c'était trop
long, que ce serait trop compliqué et que ça allait faire beaucoup
de désordre pour rien ».
Qu'est-ce
que j'aurai du faire ? Prendre les 8 bébés un par un et quand
même leur faire faire les activités ? Ou les sortir 2 par
deux ? Bien sûr que c'est ce que j'aurai du faire sauf qu'à ce
moment là je ne le savais pas encore.
- Les taux de remplissages :
Qui
sont devenus bien plus importants que la qualité de l'encadrement.
Si le taux de de remplissage n'est pas « rempli » les
subventions peuvent être coupées et la structure peut couler.
Alors, bien sûr, qu'il est nécessaire de remplir autant que
possible, mais à ce compte-là, il faudrait aussi que le nombre de
personnes travaillant pour la structure augmente au fur et à mesure
des enfants. Il faut arrêter de croire qu'une personne pour 5 ou 8 enfants c'est suffisant, notre rôle étant de les accompagner tant de manière collective qu'individuelle.
- Les normes d'encadrement :
Alors
oui, bien sûr, sur le papier l'encadrement est suffisant. Mais à
quel moment une seule professionnelle est à même de satisfaire
correctement les besoins de 5 enfants en même temps ? D'autant
plus chez les bébés qui sont bien souvent « réglés »
tous aux mêmes horaires et qui ont le plus besoin de nous aux mêmes
moments.
Dans
cette fameuse structure, nous étions 4 personnes dans le groupe
(officiellement) : 2 référentes des bébés et 2 référentes
des bébés-moyens. Sauf que, prenons les repas comme situation :
les 4 bébés-moyens mangeaient en même temps et les deux référentes
étaient présentes à tables avec eux, sachant qu'ils étaient très
autonomes. Il devait rester une professionnelle dans la salle
principale avec les enfants et la dernière professionnelle était
seule pour donner les repas aux 8 bébés restant – très pratique
comme situation.
Aujourd'hui, je peux sortir avec les petits, sans me demander si les normes d'encadrements sont respectées. Avec de la confiance et des consignes de sécurité, j'ai eu l'occasion de sortir avec 4 enfants en même temps lors de mon premier emploi en tant qu'auxiliaire parentale. Le fait est que ces "normes" m'avaient fait croire que je n'étais pas capable de sortir avec autant d'enfants à l'extérieur. Je crois qu'il s'agit surtout d'une relation de confiance entre les enfants et nous et envers nous-même.
Aujourd'hui, je peux sortir avec les petits, sans me demander si les normes d'encadrements sont respectées. Avec de la confiance et des consignes de sécurité, j'ai eu l'occasion de sortir avec 4 enfants en même temps lors de mon premier emploi en tant qu'auxiliaire parentale. Le fait est que ces "normes" m'avaient fait croire que je n'étais pas capable de sortir avec autant d'enfants à l'extérieur. Je crois qu'il s'agit surtout d'une relation de confiance entre les enfants et nous et envers nous-même.
- Le travail à la chaine :
Nous voilà revenus au temps de Charlie Chaplin dans « Les Temps Modernes ».
Les
deux choses précédemment citées ont donc entraîné du travail à
la chaîne : les bébés mangeaient les uns après les autres,
puis nous les changions les uns après les autres et les couchions
les un après les autres.
Très agréable comme sensation que de ne
pas prendre le temps de leur apporter autre chose que les soins
physiquement nécessaires !
- La direction :
Ahh
bah oui, c'est sûr qu'une directrice et un directeur toujours en
arrêt maladie, nous allons loin comme ça.
A la
fin de mon contrat, le directeur m'a reprochée de ne pas être
monter râler comme quoi cela fonctionnait mal. Attendez deux
minutes ? A quel moment c'est notre rôle de passer nos journées
dans un bureau à râler que la structure ne fonctionne pas alors que
le directeur est totalement au courant de ce qu'il se passe en bas ?!
- Manque d'investissement :
Beaucoup
de professionnelles ont baissé les bras, par manque de moyens, par
manque d'espace, par manque de temps à consacrer aux enfants du fait
des multiples tâches qu'il y a à faire au fil des jours ou par manque de volonté, par absence de passion ou parce que cette passion qui les animaient à leurs début s'est peu à peu effacée.
- Les violences :
J'ai
vu beaucoup de violences, physiques et verbales. Des douces
violences, du favoritisme, du manque de bienveillance et de
bientraitance – surtout de bientraitance.
Avant de faire ma formation d'auxiliaire de puériculture, ça ne m'aurait jamais choquée. Puis j'ai appris tout l'impact que ces choses avaient sur les enfants. J'ai compris que vivre cela n'était en aucun cas « normal » et que ça ne le serait jamais. J'ai commencé à faire plus attention à ces détails, à ces manières de parler, à cette manière d'utiliser la supériorité présumée de l'adulte et je me suis rendue compte qu'ils étaient bien plus nombreux que tout ce que j'aurai pu imaginer.
Avant de faire ma formation d'auxiliaire de puériculture, ça ne m'aurait jamais choquée. Puis j'ai appris tout l'impact que ces choses avaient sur les enfants. J'ai compris que vivre cela n'était en aucun cas « normal » et que ça ne le serait jamais. J'ai commencé à faire plus attention à ces détails, à ces manières de parler, à cette manière d'utiliser la supériorité présumée de l'adulte et je me suis rendue compte qu'ils étaient bien plus nombreux que tout ce que j'aurai pu imaginer.
- Les locaux :
Tous
les locaux qui accueillent les crèches ne sont pas forcément
aménagés et pensés pour les enfants accueillis.
Souvent, c'est
fait avec les moyens du bord et les professionnels se retrouve dans
un milieu qui n'est pas du tout propice à l'épanouissement.
Par
exemple : l'accueil de 15 enfants dans une pièce de 15m2, qui
monte à 32°C en plein été et qu'il est impossible de faire aérer
car toutes les fenêtres donnent sur le soleil qui tape.
L'impossibilité de sortir les enfants car le soleil tape à 35°C à
l'extérieur.
Sauf
que ça n'excuse pas tout non plus.
Je crois que même dans les pires
situations il faut réussir à prendre sur soi, et offrir le meilleur
aux enfants. Il faut sans cesse se rappeler à l'ordre et se rappeler
que ces enfants passent la majeure partie de leur journée avec nous
et que nos gestes et nos paroles ont d'énormes conséquences sur
leur cerveau plastique et en pleine maturation.
- Quand la joie de se lever pour aller travailler s'étiole :
Au fur
et à mesure des semaines, je tombais malade tous les weekend,
j'étais épuisée, je détestais la ville dans laquelle je vivais
(qui pourtant était merveilleuse), je ne voulais plus me lever le
matin et je pleurais souvent en rentrant le soir.
Lorsque
mon contrat est arrivé à sa fin, je me suis sentie soulagée et
j'ai commencé à revivre peu à peu et à retrouver ma passion
(merci aux deux familles qui m'ont accueillies et redonné confiance
en moi grâce à de la garde à domicile).
- La structure idéale :
La
seule structure dans laquelle je me suis sentie à ma place était
l'une dans laquelle j'ai eu la chance de faire un stage.
La
directrice était présente tous les jours, elle avait pensé la
construction de la structure entièrement pour les enfants et les
professionnels qu'elle allait accueillir.
Elle
était très investie dans le quotidien, elle venait sans hésiter
remplacer durant les pauses repas, remplacer lors d'absences ou
d'imprévus, elle venait donner un coup de main pendant les temps
« forts » de la journée.
Quant
à l'organisation, elle en parlait souvent - voire tout le temps - avec
son équipe. Elle leur faisait part de toutes ses décisions, leur
expliquait les changements quand il y en avait, leur demandait leur
avis sur telle ou telle chose.
L'équipe
était motivée, elle proposait un tas de choses aux enfants dans un
environnement bienveillant et respectueux tant envers elles-même
qu'envers les enfants. De nombreuses sorties étaient organisées et
lorsque le taux d'encadrement ne le permettait pas elles n'annulaient
pas mais se contenter d'emmener seulement un petit groupe à la fois.
Personne
ne se critiquait sur ses pratiques mais elles discutaient entre elles
de manière bienveillante et en processus d'apprentissage, d'un
groupe à l'autre tout le monde s'entraidait. Elles faisaient
d'ailleurs régulièrement des formations, des livres étaient à
leur disposition et elles se soutenaient les unes les autres dans
leurs projets (c'est d'ailleurs elles qui m'ont convaincues et m'ont
fait réalisé que j'étais tout à fait capable de travailler en
pouponnière).
Lorsqu'elles
étaient confrontées à un enfant sur tel ou tel groupe qu'elles
n'arrivaient plus à prendre en charge elles échangeait leur place
ou prenait du temps pour cet enfant quitte à le changer de groupe
pendant un moment.
Bien
sûr, tout n'était pas parfait : il y avait quelques
favoritismes, quelques douces violences, mais je savais qu'elles
travaillaient dessus en équipe et cela se voyait.
Bref,
toute cette ambiance m'a donné des ailes, elles me faisaient
confiance, elles me parlaient comme à une professionnelle, elles
n'hésitait pas à m'expliquer et me réexpliquer lorsque je ne
comprenais pas quelque chose (pour le concours de la fonction
publique par exemple, j'ai eu beaucoup de mal à intégrer à quoi
cela servait).
- La pouponnière :
Ce fût
à la fois une merveilleuse découverte mais aussi un choc de
découvrir comment est-ce que cela se passe réellement dans ces
structures et l'environnement dans lequel ils grandissent.
Le
taux d'encadrement : là encore, il était respecté, pas une
personne de moins mais pas non plus une personne de plus.
Ces enfants
ont besoin du double de l'attention que les enfants accueillis dans
d'autres structures. Je crois qu'il s'agit tout à fait du type de
structure dans lequel il est impossible d'assurer le bien-être des
enfants tout en gardant une présence de personnel qui suffit au
nombre d'enfants présents.
Ces
enfants ont des explosions d'émotions, d'angoisses, des besoins
intenses pour lesquels il est nécessaire d'avoir la possibilité de
leur accorder du temps en tête à tête.
Là où
ça a été le plus flagrant à mes yeux, c'était dans le groupe des
grands (3/5ans). Nous étions 2 pour 5 enfants, dont un qui captait
l'attention entière et complète d'une seule professionnelle tout
au long de la journée et sans répit (troubles autistiques). Tout va
bien, me direz-vous, nous étions même une de « trop ».
Mais même là, nous n'étions pas encore assez et c'est une toute
petite fille de 3 ans qui me l'a fait comprendre.
Nous
étions à table et elle n'arrêtait pas de pleurer, elle était
stressée et contrariée. Elle qui était d'habitude si douce, si
discrète, qui ne réclamait que très peu notre attention. Nous
avions tendance à la délaisser car les autres nous faisaient
davantage comprendre qu'ils avaient besoin de nous : crises de
larmes, coups, monter sur les tables, les étagères, vider le flacon
de gel douche, etc. Je lui ai proposé d'aller un moment dans sa
chambre pour jouer avec ses propres jouets. Elle a ouvert ses
placards, sorti ses jeux et quand elle a vu que je m'installait face
à elle, elle s'est instantanément calmée. Elle m'a dit « je
veux que tu restes là ».
C'est
là que j'ai compris. Nous étions tellement absorbées par les
autres que nous ne lui accordions jamais de temps.
J'ai aussi compris
que ces enfants n'avaient JAMAIS un moment de répit seuls ou en tête
à tête avec un adulte. Ils mangeaient en groupe, sortaient en
groupe, dormaient en groupe, nous étions rarement seuls dans la
salle de change pour peu qu'il y en ai un qui est besoin de prendre
une douche ou de changer une couche.
Mais, quel enfant passe 24h/24
avec une autre personne ? Aucun. Ils ont toujours un moment
d'isolement, un moment de tête à tête avec un adulte. Ces
structures n'offrent pas cela aux enfants, et c'est bien dommage car
ils en ont visiblement énormément besoin. Un des objectifs de ces
structures n'est-il pas d'offrir à ces enfants un environnement
semblable à celui qu'ils auraient eu dans un foyer ?
J'ai
malheureusement du laisser cette petite fille seule dans sa chambre
pour aller aider ma collègue, mais avant de partir je lui ai tout de
même expliqué cela et je lui ai dit que si elle avait besoin de
moi, elle n'aurait qu'à entrouvrir la porte et m'appeler. Ce qu'elle
a fait 15/20minutes plus tard. Elle a passé la tête par la porte et c'est ma collègue qui s'est dirigée vers elle. La petite lui a dit « Je veux Maïlys. » Bon, il s'est avéré
qu'elle voulait de l'aide pour ranger ses jouets et ouvrir son
placard mais elle avait tout de même l'air bien plus apaisée et
elle avait compris que je viendrais quoi qu'elle ai besoin.
- La remise en question :
Celle-ci
n'est déjà pas facile mais alors quand on se retrouve dans une
équipe qui n'est pas dans la même démarche d'apprentissage que
nous, qui n'a pas forcément le même désir de « mieux faire », c'est
encore plus difficile.
Soyons
honnête, la bienveillance, la bientraitance, ça ne vient pas
forcément naturellement. J'avais besoin de me remettre en question,
d'apprendre comment devenir bienveillante, comment éviter les douces
violences, comment être plus positive envers les enfants, envers
moi-même, dans ce que je dis, dans mon attitude.
Avec
ces quelques expériences je me suis rendue à l'évidence : ça
me serait impossible dans une structure d'accueil du jeune enfant
« typique ».
Je me
suis donc entourée d'une famille bienveillante, d'amies qui sont
dans la même démarche que moi, et de bouquins afin d'avancer dans
cet apprentissage-là.
- Quand nous nous retrouvons coincés :
Dans
notre métier, le principal endroit où nous sommes embauchées sont
les établissements d'accueil du jeune enfant. Mais qui a déjà su,
lors d'un entretien, que telle ou telle structure était une
catastrophe ? Pas grand monde je crois.
Beaucoup se retrouvent dans une structure parce que, lors de l'entretien, tout paraissait « tout beau tout propre » et qui finalement, après quelques semaines, quelques mois, quelques années, se retrouvent coincées là sans savoir quoi faire d'autre que de rester dans ces structures pour s'assurer un revenu.
Beaucoup se retrouvent dans une structure parce que, lors de l'entretien, tout paraissait « tout beau tout propre » et qui finalement, après quelques semaines, quelques mois, quelques années, se retrouvent coincées là sans savoir quoi faire d'autre que de rester dans ces structures pour s'assurer un revenu.
J'ai
cette chance-là, celle d'être encore jeune, de ne pas avoir
d'enfant et de pouvoir me dire « ici ça ne me convient pas,
alors je pars ». Je crois que nous devrions tous prendre cette
chance-là. Quand nous exerçons un métier aussi
passionnant que le notre, cela se ressent et que cela est motivant
pour n'importe qui et pour n'importe quel projets.
Rester
dans ce mal-être, dans un structure qui ne vous plaît pas, dans une
ambiance qui ne vous plaît pas n'est bon ni pour vous, ni pour les
enfants. Il ne faut pas oublier que ce sont des éponges et qu'ils
ressentent même ce que nous n'exprimons pas verbalement.
Je
pense que c'est une assez bonne raison pour nous remettre en question
lorsque nous commençons à ne plus avoir envie de nous lever le
matin.
Être bien dans son job est tellement essentiel, nous avons tellement plus
d'énergie pour la journée lorsque nous sommes heureux d'aller
travailler !
Beaucoup
pensent, à tord, qu'un boulot c'est un boulot et que nous
travaillons tous uniquement pour gagner de l'argent, en tout cas, ce
n'est pas mon cas, car j'adore me lever le matin pour aller bosser,
en semaine, et le weekend !
-La (dé)-valorisation de notre métier :
Je
trouve aussi que notre métier est très peu valorisé par ceux et
celles ne l’exercent pas.
Beaucoup
pensent que nous avons un métier facile, qu'il nous suffit de jouer
avec les enfants, de leur donner à manger, de leur changer la couche
et que nous sommes tranquilles une fois qu'ils dorment.
Si seulement
c'était vrai notre métier serait tellement moins intéressant !
Non,
notre métier c'est bien plus que cela. Nous devons répondre aux
besoins de ces enfants, de manière à ce qu'ils apprennent à
grandir dans un milieu sécurisé, sécurisant et dans lequel ils
puissent s'épanouir.
Vous dites :
- « C'est fatiguant de fréquenter les enfants. »
Vous avez raison.
Vous ajoutez :
- « Parce qu'il faut se baisser, s'incliner,
Se courber,
Se faire tout petit. »
Là, vous avez tort.
Ce n'est pas cela qui fatigue le plus.
C'est le fait d'être obligé de s'élever,
De se mettre sur la pointe des pieds
Jusqu'à la hauteur de leurs sentiments,
Pour ne pas les blesser.
Janusz
Korczak
-Ce milieu de filles :
Oui,
soyons honnêtes, nous nous retrouvons souvent avec que des filles
dans une structure – et pour avoir été en stage dans une
structure où un homme travaillait croyez-moi ça change drôlement
l'ambiance et en bien !
J'ai
passé la majeure partie de ma scolarité entourée de filles (où un
seul garçon en plein milieu - ce qui ne change pas grand chose
finalement) à l'internat, pour le lycée, pour mon CAP petite enfance et aussi pour ma formation d'auxiliaire de puériculture.
Le
fait est que les filles parlent beaucoup, la moindre parole est
transformée et même avec l'âge les critiquent fusent « dans
le dos ».
On dit
souvent que c'est un truc de lycéennes mais je vous assure que ce
n'est pas le cas et que beaucoup de personnes âgées de 30 à 50 ans
font aussi ce genre de choses. Répéter, déformer, etc.
Beaucoup
refusent de voir cette réalité mais ça a bien souvent un réel
impact sur le travail en équipe. Je pense sincèrement que c'est un
des facteurs qui peuvent entrainer la mauvaise ambiance de l'équipe.
- Conclusion:
Nous
sommes dans un domaine où nous devons apprendre constamment. Où les
avancées et les reculées sont flagrantes au fil des années et où
les problèmes sont récurrents.
Nous
entendons beaucoup de bien sur les pratiques scandinaves ou suisses,
alors où est passée notre volonté de mieux faire et de s'inspirer d'eux ?
Lorsque
je vois le nombre de personnes mal dans le job merveilleux que nous
faisons, je me pose vraiment beaucoup de questions.
Nous
sommes responsables d'Êtres en devenir, nous sommes responsables du
début de leur vie mais aussi du reste de leur vie. Il y a tant de
personnes désireuses de mieux faire (sauf que visiblement ces personnes - dont le nombre est assez impressionnant - ne se retrouvent jamais dans les mêmes structures).
Je
crois aujourd'hui qu'il est nécessaire de ne pas attendre de l'aide
de la part des personnes qui ne sont pas autant désireuses que nous
de mieux faire. Bien sûr, cela demande un travail constant, d'autant
plus lorsqu'il est détruit derrière par des personnes qui en ont
ras-le-bol de leur métier et des enfants.
Je
crois que nous devons, à notre échelle, apporter notre rayon de
soleil à ces enfants – aussi petit soit-il.
Voici
donc tout ce qui m'a amenée à me tourner vers de la garde à domicile.
PS: J'ai cherché un long moment les photos idéales pour accompagner cet article et je crois que je ne pouvais pas en choisir d'autres que celle-ci..
PS: J'ai cherché un long moment les photos idéales pour accompagner cet article et je crois que je ne pouvais pas en choisir d'autres que celle-ci..
La sincérité et la bienveillance avec laquelle vous semblez écrire est très touchante.
RépondreSupprimerC'est drôle, avant même de lire cette fabuleuse citation de Janusz Korczak, votre texte n'a cessé de m'y faire penser!
Merci
Merci à vous pour votre bienveillance. Effectivement, depuis le jour où j'ai découvert cette citation elle est devenue très essentielle pour moi. Tout cela se bousculait dans ma tête depuis longtemps, j'avais peur de mal m'exprimer, de créer une polémique. Finalement, j'ai un jour lu plus d'une centaine de commentaires de personnes n'étant pas bien en structure et ça a tout déclenché.
SupprimerMaïlys, merci, merci mil fois pour ton témoignage. Je viens de passer une année terrible en multi accueil dans une équipe fermée qui ne voulait ni se former, ni évoluer. Je termine dans 1 mois, j'ai pris la décision de démissionner ne pouvant plus cautionner ni les douces violences ni le non professionnalisme omniprésent. Il va me falloir du temps pour me reconstruire, toutes mes convictions et valeurs ont été ébranlées, piétinées... Cette expérience je vais m'en servir comme d'une force, et continuer à me battre pour ce métier que j'aime temps, pour les enfants et pour l'accompagnement à la parentalité ! Je me sens moins seule après cette lecture et cela me redonne du courage, encore merci !
RépondreSupprimerOui, il est essentiel de sortir de là où on est lorsque le mal se fait sentir. Du moins, si l'on peut. Ton petit mot m'a retourné le ventre mais je suis sûre que tout ira bien. Je ne travaille plus en crèche mais à domicile et je suis très heureuse ainsi. Un jour je retournerai en structure pour apporter ma part de bien être aux enfants - même si je suis seule (je prie pour que non quand même !!) En attendant, j'apprend encore, je grandi, je prend des forces et je me renseigne sur tout un tas de sujets pour apprendre à être au mieux avec les enfants, à agir en accord avec eux. Le fait d'être seule me permet d'oser me corriger devant les enfants, de m'excuser lorsque je réagis mal et que je m'en rend compte. La petite que je garde m'y aide beaucoup, à sa façon, du haut de ses 3ans et ça, c'est tellement merveilleux. Alors courage. 😘
SupprimerFort,mature,sensible,professionnel. Bon chemin à toi.
RépondreSupprimerMerci. 🌷
Supprimermerci de cette sincérité, personnellement, je te comprends, je me suis empoisonnée en m'accrochant à une structure qui me répondait pas aux besoins de l'enfant, ni à ses émotions, je suis en arrêt et j'ai demandé ma mise en disponibilité dans le but de rebondir et créer qqchose qui me corresponde plus dans la bienveillance de l'enfant et de sa famille.
RépondreSupprimerAu moins, tu as eu cette force de tout arrêter et tu sais que tu peux avoir mieux. C'est tout ce qui compte.
SupprimerBonjour
RépondreSupprimerJe suis Coralie j'ai 23 ans
Je suis Auxiliaire de puériculture diplômée d'état depuis 2018
J'ai essayé toute les structures...et ce que vous écrivez est si vrai que jen ai les larmes aux yeux Je suis faite pour les enfants, mais pas pour les institutions, comment faire ?
J'ai essayé de devenir auxiliaire parentale mais ça coûte cher au parents j'ai été nounou a domicile et la maman ne pouvait plus financièrement