Cette question devrait être au cœur de nos structures, mais pas que, car sans le soutien de personnes plus hautement placées, il est impossible pour nous de mettre certaines choses en œuvre. Durant mes stages d'auxiliaire de puériculture, j'ai eu la chance de découvrir une structure où la (fantastique) directrice avait participé (avec ses futures collègues) à chaque détail de la construction et l'aménagement de la crèche. Elle avait pris le temps de m'expliquer tout cela et de penser à tout ça en amont, et honnêtement ? Ça se ressentais sur la manière de travailler de toute l'équipe (je vous en parlais, dans cet article, dans la partie « la structure parfaite »). Ici, je vais donc aborder les grands points de tout ce qui pourrait être amélioré. Bien sûr, il y a probablement des choses que j'oublie et aussi des choses pour lesquelles je ne saurai parler (toute la gestion administrative des directeurs par exemple - d'autant plus que si ils sont EJE ou puériculteurs, ils préfèreraient probablement être eux aussi sur le terrain, ou du moins plus souvent - ou bien le travail plus spécifique d'une EJE auprès des enfants).
Quelques points pour arriver à la structure parfaite :
- Élargir les espaces d'accueil : agrandir les pièces, faire entrer la lumière naturelle à l'aide de grandes fenêtres ou mieux, de baies vitrées. Des cloisons amovibles pour cloisonner / décloisonner au besoin.
- Arrêter de faire des groupes du même âge : premièrement les groupes d'âges mélangés favorisent les apprentissages et l'entraide (vous pouvez lire le livre de Céline Alvarez, « Les lois naturelles de l'enfant » pour approfondir le sujet. Je vous en ferez bientôt un article, inscrivez-vous à la newsletter). Deuxièmement, imaginez que vous ayez 6 bébés d'un âge à peu près similaire et calés sur les mêmes rythmes; il sera quand même plus facile d'avoir 2 bébés dans chaque groupe (donc seulement deux bébés au même rythme) plutôt que 6 ! On aura plus de temps à accorder à chaque enfant, tout sera plus facile à gérer, il y aura moins de stress et d'angoisses pour tout le monde.
- Ne pas se cantonner à « chacun son groupe » : des enfants de chaque groupe ne dorment pas ? Laissez le nombre de professionnel nécessaires à la sieste des enfants et partez en balade avec les enfants éveillés, même si il ne s'agit pas de « votre groupe ».
- Faire des lieux plus conviviaux, plus aéré, moins colorés, plus cosy, moins chargés en matériel et en couleurs.
- Augmenter le rapport professionnels/enfants : les enfants ont besoin de plus d'attention, de plus d'accompagnement et il est bien plus facile de veiller sur 3 enfants, d'en prendre soin et de les accompagner correctement qu'avec 5 ou 6 enfants (pour une seule personne). Surtout que les quotas sont très peu respectés.
Note : on ne devrait pas avoir à compter dans le ratio d'encadrement les cuisiniers et les personnes qui gèrent l'entretien de la structure ou qui n'est pas physiquement dans la pièce (une directrice dans son bureau par exemple !!)
- Adapter les locaux et le mobilier : autant pour les professionnels que pour les enfants (chaises d'assise au sol pour les adultes, plan de change avec des escaliers, plans de changes ajustables en fonction de la taille de l'adulte).
- Proposer régulièrement des formations (obligatoires) : certains pro qui sont là depuis longtemps ou même qui sortent de l'école prennent les choses pour acquis, mais rien n'est immuable, les progrès et les découvertes sont journalières et il faut se former constamment. Même si certaines choses sont globalement acquises, un petit rappel ça fait toujours du bien.
- Chacun son rôle : les auxiliaires de puériculture et les CAP petite enfance ne devraient pas avoir à constamment se demander si ils ont réellement le droit ou non de faire telle ou telle chose. De se débattre avec leur conscience si ils se voient obligés de faire ceci. Pour les médicaments par exemple, rendez les choses claires et mettez un infirmier relié à la structure plus d'une journée par semaine ! Souvent les infirmiers sont « de gardes » sur les structures, mais sincèrement, vont-ils vraiment se déplacer pour administrer une dose de paracétamol ? Les enfants sont malades toute la semaine, et sous traitement toute une semaine, pas une seule journée. Définir correctement les fiches de postes ainsi que les profils de postes, ça évite que ce soit toujours la même personne qui fasse la même tâche et surtout, c'est bien plus rapide de compréhension pour les remplaçants. Faire une fiche détaillée en fonction de l'horaire de travail et du diplôme.
- Dédramatiser le lien hiérarchique : tout le monde n'a pas le même référentiel de métier, les connaissances sont plus ou moins approfondies en fonction de la formation faite et ce n'est pas une tare ! En tant qu'AP, à aucun moment je ne me permettrais de dire que je peux faire le boulot d'une EJE, et c'est tant mieux, sinon à quoi ça leur servirai de faire 3 ans d'étude tandis que je n'en ai fait qu'une année ? C'est aussi valable entre AP et CAP ou CAP et EJE. Et oui, je peux me permettre de dire que les formations d'AP et de CAP n'ont rien à voir, car j'ai fais les deux. Je ne me suis pas amusée à me battre pendant 4ans pour intégrer une école d'AP alors que j'avais mon CAP PE pour m'entendre dire que les deux métiers sont les mêmes.
- Optez pour des personnes en contrat remplacement sur plusieurs structures plutôt que de laisser des professionnels en galère : une personne peut avoir un contrat temps plein en faisant des remplacements dans plusieurs crèches d'une même ville par exemple. En plus, avoir toujours les même remplaçants sur les même crèches permet que ces professionnels-là aient un rôle important, elles connaissent au fil du temps bien les crèches, les groupes, la manière de travailler de chaque structure. Elles deviennent donc un maillon de l'organisation et un élément phare et de qualité.
- Mieux faire connaître les différents moyens d'accueil aux parents, leur expliquer les avantages et les inconvénients sans prendre position pour telle ou telle structure. Je veux bien qu'une assistante maternelle ai besoin d'un contrat supplémentaire, par exemple (idem pour les crèches qui ont besoin de « remplir » leur structure) mais si vous voyez que cela ne convient pas au parent que vous avez face à vous, orientez-le vers le lieu d'accueil qui lui conviendra le mieux - tout le monde sera gagnant.
- Prendre plus de temps pour expliquer le fonctionnement de la crèche aux parents et ce qu'il s'y passe à l'intérieur : par exemple, mettre en place un site internet où les parents pourraient avoir accès à des résumés journaliers et/ou des photos de manière sécurisée.
- Prendre le temps de demander aux parents si ils aimeraient avoir des détails sur telle ou telle situation (par exemple, quelle poussette acheter - comment débuter la diversification, etc) et surtout, prendre le temps de rédiger ou d'échanger avec eux de manière claire et accessible pour eux. La directrice de la structure dont je vous parle en introduction créait un journal mensuel (que l'on peut désormais faire en ligne pour éviter la consommation de papier et donner des informations plus régulièrement) où elle abordait des sujets comme : morsures, jeux, écrans, etc, toute thématique était la bienvenue, il y avait des photos des enfants, des petites phrases que les pros avaient relevées chez les enfants.
- Éventuellement même, prendre en compte ce qu'ils aimeraient ou non vous voir faire dans la structure avec leurs enfants !
- Donc d'une manière globale, plus intégrer les parents dans la vie de la crèche. Beaucoup se sentent désemparés car une fois que la porte est fermée ils n'ont aucune idée de ce qu'il s'y passe. Nous avons la possibilité de faire des photos et les mettre en ligne sur un site internet sécurisé d'un mot de passe. Noter dans un cahier ce que fais l'enfant de manière plus personnalisée (pas de « TB mangé », « TB dormi », « TB joué »).
- Faire appel à des architectes pour les structures mais en collaboration avec les professionnels de terrain. Nous seuls savons ce qui est adapté ou non pour nous et pour les enfants. Ce qui est pratique au quotidien.
- Concerter les professionnels de terrain avant de faire des lois qui n'ont ni queue ni tête sur l'application en terrain.
- Solliciter plus les parents pour les sorties. Les inviter lors des
sorties, il y aura toujours un parent de libre sur la structure, même si
ce n'est pas le groupe de leur enfant - ils saurons que quelqu'un
d'autre sera là pour la sortie avec son enfant plus tard. Ça crée du
lien avec les parents et ça leur permet de voir comment l'on fonctionne
intra-muros, une fois qu'ils ont le dos tourné.
-
Inviter les parents sur les groupes : ne vaut-il pas mieux un parent
qui part sereinement après avoir lu une histoire, câliné ou joué avec
son enfant que se retrouver avec un enfant totalement déboussolé et un
parent qui est triste de laisser son enfant ? Si l'espace de vie est trop petit ou que c'est difficile à gérer, créez un espace d'accueil, dans lequel vous mettez à disposition des parents des coussins/fauteuils, des livres afin de faire une transition en douceur pour les parents/les enfants qui le désirent.
- Faire des réunions entre professionnels sur la pratique professionnelle (hé non, ce n'est pas fait partout !) et sur les horaires de travail afin que tout le monde puisse participer sans devoir mener le parcours du combattant pour trouver quelqu'un pour récupérer les enfants, les faire manger, les doucher et les coucher. Faire en sorte que les professionnels aient hâte de faire cette réunion, qu'ils soient motivés et aient envie de participer. Miser sur la bienveillance et la liberté de parole.
- Privilégier des petits groupes car l'agitation d'un enfant entraine l'agitation de tous les enfants. Mais aussi car il est plus facile de mettre des choses en place et de prendre le temps pour chaque enfant avec des petits groupes. Notre attention n'est, ainsi, pas éparpillée dans tous les sens.
- Communiquer plus sur notre métier, nos formations, afin de mieux faire connaitre et respecter nos compétences. Non, notre job ce n'est pas uniquement de jouer avec les enfants.
- Pouvoir prendre le temps de se détacher et être totalement à l'écoute d'un parent qui commence à nous confier quelque chose afin d'aller au bout des choses avec lui et créer un lien de confiance. Et si nous ne sommes pas calés sur le sujet que le parent souhaite aborder, l'écouter d'abord et lui proposer ensuite un entretien personnalisé avec une personne compétente. Garder une trace de tout cela, afin d'être sûr que nous communiquons une réponse claire au parent.
- Avoir plus de personnes disponibles sur les moments des repas et des accueils (qui correspondent au moment où il devrait y avoir le plus de professionnels mais qui correspond en réalité aux heures d'arrivées et départs des professionnels ainsi qu'aux pauses repas) - ça éviterait le travail à la chaîne, l'attente insupportable que doivent endurer les enfants (que l'on retrouve dans beaucoup de structures), le stress des professionnels et la sensation d'être débordé !
- Avoir systématiquement un jardin ou un espace vert à proximité (pas très pratique en ville je vous l'accorde mais il doit bien y avoir une solution!) Si il existe des écoles et des structures d'accueil qui exercent uniquement (ou presque) en plein air, ce n'est pas juste pour faire joli ou juste une mode.
- Permettre aux enfants de pouvoir bouger d'une pièce à l'autre : une plus grande présence de professionnels par nombre d'enfant permet ceci. Les enfants ont besoin de bouger au gré de leurs envies et de leurs découvertes. Non quand c'est imposé « moment motricité » - « moment sieste » - « moment activité manuelle » - « moment dehors » - « moment calme ». Tous les enfants n'ont pas les mêmes besoins au même moment et les professionnels non plus ! En plus, cela favorise leur confiance en eux, leur affirmation d'eux-même.
- Avoir un cuisinier et une personne pour faire le ménage en profondeur des structures : détacher un professionnel est bien plus compliqué à gérer sur le terrain que d'embaucher une personne pour ces temps-là.
- Arrêter de voir les structures petite enfance comme « un business pas du tout rentable » et leur apporter quand même les moyens financiers dont ils ont besoin pour faire les choses bien. D'autant plus que le mobilier et les jeux petite enfance sont très durables dans le temps lorsqu'on les choisis bien (exit les jouets en plastique qui vont durer 1 mois, bonjour les jouets en bois ou en caoutchouc qui vont durer de nombreuses années - idem pour le mobilier !) Quand on investis correctement les choses, c'est une source d'économie sur du long terme. Créer des places, oui, mais il faut aussi ajouter des professionnels et agrandir les espaces.
- Avoir un projet pédagogique clair et rédigé en concertation avec l'équipe qui explique pourquoi les choses sont faites de telle ou telle manière. Transmis systématiquement aux parents. Cela évite les conflits en équipe ou avec les parents sur pourquoi c'est comme ça et pas autrement. Tout en restant ouvert à de nouvelles possibilités bien sûr (venant tant des nouveaux pro, que des pro ayant eu accès à une formation en interne ou externe ou même des parents).
- Pouvoir prendre le temps d'observer : souvent, il y a tellement d'enfants pour peu de professionnels que l'on est constamment dans le rush de la journée. De l'enchaînement accueil, activités, change, repas, dodo, repas, accueil et on n'a pas le temps de se poser et d'observer les enfants. C'est comme ça que l'on passe à côté de plein de choses pourtant évidentes !
- Mettre plus de choses en place pour les professionnels isolés comme les assmat ou les auxiliaires parentales. Les RAP sont développés uniquement sur Paris ! Et les petits villages de campagnes ou de montagnes ne disposent pas systématiquement d'une MAM ou d'un RAM (qui acceptent les auxiliaires parentales, c'est encore plus rare)
- Créer un réseau où réunir toutes les auxiliaires parentales. Pour les assmat il y a la PMI mais le métier d'auxiliaire parentale ne s'exerçant pas forcément avec diplôme on est mis à l'écart !
- Mettre à jour la convention collective des salariés du particulier employeur, même si les choses n'ont pas tellement bougées et que l'on trouve plein d'ordonnances et de réglementations sur le net - elle date tout de même de 1999 ! D'ailleurs, je vous prépare une FAQ du métier d'auxiliaire parentale. Inscrivez-vous à la newsletter (tout en bas de la page) pour être tenu au courant et contactez-moi si besoin !
- Mettre à jour la convention collective des salariés du particulier employeur, même si les choses n'ont pas tellement bougées et que l'on trouve plein d'ordonnances et de réglementations sur le net - elle date tout de même de 1999 ! D'ailleurs, je vous prépare une FAQ du métier d'auxiliaire parentale. Inscrivez-vous à la newsletter (tout en bas de la page) pour être tenu au courant et contactez-moi si besoin !
- Réunir les EAJE / auxiliaires parentales / Assmat sur des temps définis, des journées définies. Les enfants rencontrent d'autres enfants, les professionnels peuvent ainsi discuter de tel ou tel soucis qui leur est posé, de faire des activités en mélangeant les enfants, etc.
- Moins règlementer les sorties : que l'on puisse laisser les enfants sortir qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige. Il n'y a pas de mauvaise météo, il n'y a que de mauvais habits.
- Consulter le personnel de terrain pour l'achat des objets du quotidien (meuble, jouets pour les enfants, livres, structures pour les enfants), souvent il y a énormément de jouets auxquels les enfants ne jouent même pas et qui prennent la poussière au fond d'un placard. Faire en sorte que ce soit la décision des personnes sur le terrain en concertation avec la direction (qui n'est pas toujours une personne qui est également sur le terrain ou du moins pas au quotidien). En plus, des jeux adaptés serons en moins grande quantité et pourrons servir en roulement sur tous les groupes (un enfant n'a pas besoin de 15 000 jouets à terre ou dans la salle sur une même journée donc autant en avoir peu, bien choisis, durables et qui tournent sur toute la crèche).
- Faire en sorte que les conférences et les formations soient aussi accessibles aux assmat et auxiliaires parentales, parce que clairement se voir refuser une conférence ou une formation parce que l'on n'exerce pas en structure, vraiment c'est pénible !
Finalement, il n'est pas du tout compliqué de faire les choses correctement, encore faut-il savoir ce qui est le mieux à faire. Les mieux placés pour dire tout ça c'est bien nous, qui sommes sur le terrain. C'est valable pour tous les métiers mais franchement, la petite enfance ne devrait-elle pas être au cœur, au commencement de tout ? Vous voyez d'autres choses que l'on pourrait facilement améliorer ?
Finalement, il n'est pas du tout compliqué de faire les choses correctement, encore faut-il savoir ce qui est le mieux à faire. Les mieux placés pour dire tout ça c'est bien nous, qui sommes sur le terrain. C'est valable pour tous les métiers mais franchement, la petite enfance ne devrait-elle pas être au cœur, au commencement de tout ? Vous voyez d'autres choses que l'on pourrait facilement améliorer ?
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