Mon retour en crèche après 2 années à travailler à domicile !

22 oct. 2019 Annecy

https://www.notebook.ldmailys.com/2019/09/retour-creche-apres-2-ans.html

Et voilà, nous y sommes, depuis quelques mois, j'ai franchi le pas de prendre la décision de retourner travailler en structure après 2 années à exercer en tant qu'auxiliaire parentale. Bien sûr, je n'ai pas réellement pris cette décision sur un coup de tête car ça engage pas mal de chamboulement dans notre quotidien. Je me sens juste prête, alors je ne souhaite pas attendre de changer d'avis ! ;)

Qu'est-ce qui m'avait poussée à quitter les EAJE ?

Comme vous aviez pu le lire il y a maintenant 2 ans, j'avais choisi de ne plus exercer en crèche suite à mon année d'auxiliaire de puériculture. Pour vous refaire un débrief rapide, les structures d'accueil (pas toutes bien sûr) en France font face à des difficultés majeures. Des lois sans queue ni tête pour l'exercice de notre métier sur le terrain, le mépris du bien-être de l'enfant afin de pouvoir faire du profit, le manque de formation continue des professionnels, le fait que ce soit un milieu majoritairement féminin, les violences verbales et physique, l'épuisement professionnel à faire en sorte que les parents aient l'impression que tout vas pour le mieux - tout un tas de choses qui m'ont finalement faite choisir une autre voie. 

Mon cheminement durant ces deux années :

Lorsque l'on sort de l'école, nous avons en tête les bonnes pratiques toutes fraîches de notre année d'étude (courte mais intense). Nous voyons donc très rapidement, dans nos stages et les emplois qui suivent les dérives professionnelles. Que ce soit entre nous, ou envers les enfants.  Toutes ces choses ont prises, durant mes stages, beaucoup trop d'ampleur jusqu'à devenir insupportable. Je suis une personne extrêmement sensible, qui a du mal à s'imposer et qui se fait facilement entraîner par la manière de faire des autres afin de ne pas avoir de soucis par la suite. J'avais donc besoin d'exercer seule, pour consolider ces bases acquises, pour apprendre encore par le biais des livres, pour m'entraîner à faire les choses correctement. Bien sûr, même maintenant je suis loin d'être parfaite : oui, parfois je m'énerve après les enfants; parfois je n'ai pas envie de faire la même chose qu'eux et je le leur dit; parfois je me fâche; souvent j'oublie de tourner mes phrases de manière positive (faut dire que c'est un sacré boulot d'y penser) et parfois mes propos manquent de bienveillance (surtout en milieu de semaine ou en fin d'une journée très longue). Donc, il me reste encore beaucoup de travail. Le fait est, qu'aujourd'hui je me sens beaucoup plus confiante (merci Lara, Ethan, Camille et Marine), je sais que je fais du mieux que je peux même si ce n'est pas toujours parfaitement comme il faudrait. Je sais aussi reconnaître mes erreurs, et je contrôle beaucoup mieux mes émotions. J'accepte de recevoir et d'entendre les critiques, du moment qu'elles sont constructives. Aujourd'hui, je me sens enfin prête à revenir sur cette décision que j'avais prise il y a 2 ans : ne plus jamais remettre les pieds dans une structure d'accueil collectif. Pour cela, il m'a fallu trouver une alternative.

Ce qui m'a incitée à revenir sur ma décision :

J'ai la chance d'habiter en Haute-Savoie. Nous sommes donc frontaliers avec la Suisse. C'est là-bas que j'ai choisis d'exercer. Pour plusieurs raisons. Vous savez, quand on parle des structures mettant tout en œuvre pour la petite enfance ? On cite souvent la Suède en premier, le Canada et enfin, la Suisse. Deux amies travaillent en Suisse dans des crèches. J'ai donc eu le temps d'avoir leurs retours, elles qui ont travaillé en France et en Suisse. Elles sont, mieux que personne, bien placée pour m'offrir leurs retours. Inutile de vous dire qu'ils sont bien souvent positifs, mais ils entraînent aussi de longues démarches (je vous explique ça plus bas). Ce qui en ressort le plus, c'est que les professionnels travaillant là-bas, sont déjà en majorité diplômées. Chacun à un rôle bien précis, et tout est respecté à la lettre. Tant les protocoles, que les rôles de chacun. Le bien-être des enfants est au cœur des démarches, les projets sont réfléchis et connus. Il n'y a pas autant d'entraves qu'en France pour les sorties et compagnie. Les enfants sont en crèche jusqu'à leurs 4 ans, ce qui est aussi un point ultra-positif à mes yeux car j'estime qu'à 3 ans ils sont bien trop petits pour entrer à l'école - c'est un autre débat, je vous en reparlerai bientôt. Les équipes sont organisées et un système de "remplaçante à l'appel" à été mis en place afin de remplacer rapidement et systématiquement les absents. Et ce sont d'ailleurs des postes fixes qui permettent d'avoir un salaire complet. Ces retours de mes amies, et ce que j'ai pu lire des structures suisses ne font que me conforter dans cette décision. Il y a bien sûr des points négatifs dans tout cela, je vais devoir me réhabituer à travailler en équipe, me remettre à jour sur tout un tas de choses (ça c'est plus une initiative personnelles qu'une réelle nécessité). Faire les démarches administratives et passer des entretiens (le réel point noir de cette histoire!) Ma curiosité et cette envie d'en apprendre toujours plus sur comment ça se passe autre part fait que j'ai vraiment hâte de cette expérience. Découvrir ailleurs comment s'exercent nos métiers est une réelle chance et il faut la saisir si l'on en a l'opportunité.

Les démarches nécessaires :

Travailler en Suisse n'est pas aussi facile et évident que ce que l'on peut imaginer. Je ne vous parlerai pas du côté financier, plutôt du côté administratif. Selon les cantons, rien ne fonctionne pareil - je vous parlerai donc du canton de Genève, qui me concerne. En tout premier lieu, il faut faire reconnaître notre diplôme (vous pouvez aussi vous en passer mais vous travaillerez comme « non-diplômée » sous le titre d'auxiliaire). Sauf que le diplôme d'auxiliaire de puériculture n'est pas reconnu là-bas. C'est le CAP Petite enfance qu'il faut faire reconnaître. Les démarches sont à faire en ligne sur le site du SEFRI. Pensez bien à faire la demande sur le site de Bern afin que votre diplôme soit reconnu dans tous les cantons, si vous le faites auprès de la ville de Genève par exemple, vous ne pourrez pas travailler hors du canton de Genève. Outre vos documents d'identité, il vous faudra tous vos certificats de travail des 5 dernières années ou des postes occupés depuis l'obtention du CAP Petite Enfance. Il vous faudra aussi une copie certifiée conforme, à faire à la mairie. Ainsi que les référentiels et toutes les heures de stages réalisées pour le CAP Petite Enfance et le diplôme d'auxiliaire de puériculture. Vous devrez aussi vous acquitter de la somme de 590CHF. L'idée étant qu'il vous faut 2 ans (ou 3ans je ne sais pas exactement) d'expérience afin d'avoir directement votre équivalence au diplôme d'assistante socio-éducative (ASE). Là-bas c'est globalement l'équivalent de nos auxiliaires de puériculture bien que ce soit le CAP Petite enfance qui serve de reconnaissance. Si vous n'avez pas ces années, vous devrez soit faire un stage pour compléter, soit trouver un poste en tant qu'auxiliaire (non diplômée donc). Ces postes se font rares car ils préfèrent maintenant embaucher du personnel « diplômé ». Une fois le nombre de mois manquant effectués, il faudra terminer votre demande grâce à un certificat de travail. Il faut ensuite un permis de travail, et un spécifique car il s'agit d'un permis de travail frontalier. Afin de l'obtenir, je dois trouver une structure qui accepte de faire les démarches, car ce permis ne peut s'obtenir qu'une fois en poste et non en amont. Les crèches sont organisées par secteur, il faut le savoir et le comprendre car lorsque l'on travaille comme remplaçante, on dépend d'un secteur et non d'une crèche en particulière. Dans mon cas, les démarches sont assez complexes car mon parcours d'études et de travail fait que je n'ai, à leurs yeux, pas assez d'expérience dans la petite enfance. Je devrai donc travailler 6 mois en tant qu'auxiliaire avant de pouvoir prétendre à la reconnaissance du diplôme d'ASE.

Les légères difficultés que je vais rencontrer :

Hormis le fait qu'il va me falloir trouver une structure qui m'accepte, je vais probablement rencontrer quelques difficultés pour me réhabituer au travail en équipe. Dans mon travail actuel, je travaille en équipe, avec les parents, avec les maitresses, etc. Je trouve ça encore très différents du travail en équipe que l'on rencontre en structure car, à domicile, c'est du travail en équipe ponctuel, à certains moments clés de la journée, pour certaines décisions. En structure, toute la journée se déroule à plusieurs. L'alternative dont j'ai parlé avec une de mes amies est celle d'être remplaçante dans un premier temps, afin de renouer en douceur avec les équipes. Il va aussi falloir apprendre un tout autre mode de travail, car chaque pays est différent quant aux relations à l'enfant. Les projets globaux de la Suisse font que je sais qu'il ne sera pas contre-nature pour moi de suivre leurs pédagogies. Surtout, il va me falloir passer des entretiens ! Je ne saurai pas expliquer cela mais, les entretiens avec les familles que l'on rencontre pour des boulots d'auxiliaire parentale sont diffèrent de ceux que j'ai pu faire en structure, ou pour entrer en formation. Ils sont moins formels, plus détendus, moins stressants je trouve. La dernière difficulté sera sans doute liée au nombre d'enfant. Depuis 2ans, j'ai une relation exclusive avec les deux enfants dont je m'occupe, le groupe va s'agrandir, il sera difficile de porter autant d'attention à 6 ou 8 enfants qu'à deux. Il me faudra apprendre à donner plus équitablement. Je n'ai absolument aucun doute sur le fait que je vais réussir à m'adapter à tout cela sans difficultés majeures. 

Conclusion :

Cette rentrée, qui généralement est signe de routine qui se met en place, de reprise des repères annuels sera pour moi une période de doute, une période mouvante et loin d'être stable. Cependant, je ne m'inquiète pas outre mesure. Tout quitter de cette manière, en étant soutenue dans nos projets, donne la possibilité d'être sereine malgré le flou des semaines, voire des mois à venir. Je me dis surtout que si il y a un moment pour faire ça, il ne sera jamais idéal, il doit juste être spontané et motivé. Je vais avoir 25 ans, et je ne crois pas que ce soit le moment pour moi de postuler dans une structure lambda, qui ne me plaira pas outre mesure, uniquement pour être stable dans la vie. Je veux tester les options qui s'offrent à moi. Je sais aussi que je ne passerai pas ma vie en structure, il s'agit d'un tremplin pour évoluer faire d'autres projets qui trottent dans un coin de ma tête.

La photo date de mon voyage à San Francisco, en juillet 2018, mais je trouvais qu'elle exprimait tout parfaitement : cette petite fille, cette famille, qui ont tant et font tant pour moi; la direction qu'elle prend, les bras levés en signe de liberté et de joie, se dirigeant vers l'immensité et l'inconnu qui nous attends, grâce à l'océan.

Et vous, vous vous imaginez retourner vers ce que vous faisiez avant ? Vous hésiteriez à sauter les deux pieds dans l'inconnu ?

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