Récit de ta naissance.

30 sept. 2021 Haute-Savoie, France

 

 

J'ai beaucoup hésité à partager ici également le récit de sa naissance. J'en ai tellement lu avant d'accoucher, pendant ma grossesse. Confort, émotion, préparation, toute histoire lue, écoutée, m'a aidée à me préparer. Au pire, comme au meilleur. Alors finalement, je me lance ici aussi.


Jeudi 13 mai, 13h :

 

Premiers signaux qui me disent que le travail a peut-être commencé. Je repousse le moment de partir. On met les affaires dans la voiture, juste au cas où vraiment car nous sommes tous les deux persuadés que l'on va revenir. Arrivée à la maternité, on sonne à l'interphone et là je ne sais plus quoi dire. Je crois que le travail a commencé. Ah mais vous n'êtes pas au bon endroit c'est la maternité ici, faut aller à l'espace accouchement. Ah bah oui c'est vrai, c'est pas les deux même endroits. Trajet jusqu'au bon endroit (vachement plus loin). Vérification du col, monitoring pendant 1h - 2h au final, y'a du monde en salles de naissance. L'effet maternité peut-être, le nombre de contractions se font rares, j'ai moins mal. Ça a commencé, mais c'est un premier, vous avez le temps, rentrez chez vous. La sage-femme a cependant l'air sûre d'elle, bébé sera là dans la nuit, au plus tard demain soir.

 

Vendredi 14 mai, 00h :

 

Les contractions me réveillent. Je prend mon téléphone pour les chronométrer. Elles ne sont pas régulières. J'essaye de me rendormir, mission impossible. Résignée, je me lève vers 5h, et je prends mon petit déjeuner. Optimiste, je prépare même le prochain, que je mangerai seulement 6 jours plus tard. Vers 6h, mon amoureux se lève avec moi, il prend le relais pour regarder où en sont les contractions. Séries de 10min, 7min, 3min, retour aux 10min. Je prend 15 000 douches, un bain - tant pis pour la facture d'eau. Puis finalement toutes les 5min. Vers 9h, je consens enfin à aller à la maternité. On se dit que c'est juste pour vérifier. Les contractions sont fortes, mais gérables. Tellement régulières que mon chéri me prévient avant chaque « attention y'en a une qui arrive ». Les affaires sont déjà dans la voiture, on calcule entre deux contractions : descente en ascenseur, sortie de l'immeuble, on respire. Trajet jusqu'à la voiture, puis jusqu'à la maternité, on respire. Arrivée à la maternité, examen du col, mise en place du monitoring. Contractions de travail, col effacé, 1cm. « Vous allez rentrer chez vous. » Les contractions sont douloureuses, mais toujours gérables et régulières. 10h30, sur une nouvelle contraction, juste avant la fin du monitoring, je perd les eaux. Pas du tout sûre de moi, ça ne fait pas splash comme dans les films, ça coule juste comme si je m'étais faite dessus (ultra glamour). « Bon ben vous restez ici finalement, mais on n'a plus de salle de travail alors allez faire un tour dans l'hôpital. »

 

Vendredi 14 mai, 11h :

 

On tente d'aller jusqu'à la cafétéria, mais vous avez déjà essayé de marcher avec une perfusion qui vous défonce, tout en essayant de gérer l'intensité des contractions ? C'est pas compatible. Un tour d'ascenseur, on remonte. La sage-femme étudiante vient nous voir au bout d'une 10aine de minutes pour nous dire qu'une salle est disponible, avec baignoire. On fait couler l'eau, je me glisse dans le bain chaud. J'y suis restée jusqu'à ce que cette position ne me permette plus de gérer la douleur. Et cette sensation que bébé pousse. Finalement je sors et je m'allonge. On gère encore quelques heures - oui, parce qu'il paraît que les femmes peuvent accoucher seules, mais la présence de mon amoureux était absolument nécessaire en tout temps. Il n'y a plus que lui qui compte, il est mon intermédiaire, je n'entends et ne vois plus la sage-femme. Je gère une contraction sur 3, et prend la troisième de plein fouet, à chaque fois. C'est pas des conneries que les contractions deviennent plus fortes une fois la poche des eaux rompue. Je gèle, j'ai envie de vomir, de m'évanouir, je tremble. Mon chéri me couvre de toutes les vestes et gilets qu'il peut trouver, tant pis si tout doit être imbibé de sang et de liquide amniotique - oui parce qu'on perd du sang en même temps qu'on perd les eaux, on aurait pu me prévenir quand même ! Vers 14h30, nouvel examen, vous êtes qu'à 2cm. Je regarde mon chéri, et j'explose en larmes, je lui dis que c'est plus possible, que c'est trop long et que je ne gère plus, que finalement, tant pis pour mon plan d'accouchement sans péridurale, physiologique et cie, je VEUX la péridurale. La sage-femme va demander à sa référente ce qu'il en est, et en la revoyant revenir avec le gaz Meopa je comprend « C'est trop tôt alors vous me ramenez le gaz ? » Ce truc est horrible, déjà ce n'est vraiment pas efficace, et en plus ça donne envie de vomir. Je l'abandonne une fois sur deux. Vers 15h, la sage-femme revient, elle essaye de me parler, sur une contraction, je ne comprends rien et je l'envoie bouler « Mais parlez-moi pas maintenant !! » 

 

Petite anecdote : paraît-il que j'ai dis à mon chéri qu'il était hors de question qu'on ai un deuxième enfant. Je ne m'en souviens absolument pas. Visiblement il m'a répondu que, bien sûr que si, on aurait un deuxième.




Vendredi 14 mai, 15h : 

 

Une salle de travail est enfin disponible, l'anesthésiste est à l'étage. Je suis à deux doigts de m'évanouir, il me faut me lever pour me changer et aller dans l'autre pièce. Mon chéri me porte littéralement avec la sage-femme, je suis à bout de forces. Ils me transfèrent à côté, je m'allonge - pire idée, y'en a qui vomissent pendant la pose de la péridurale, moi c'était juste avant. 15h30, l'anesthésiste arrive, je m'attendais bizarrement à ce que ce soit un homme, pas du tout. La pose se fait entre deux contractions, rapidement - pour l'efficacité on en reparlera. La dose normale est mise. On attend un peu que ça fasse effet, elle fonctionne que d'un côté. Ils rajoutent une dose, on attend encore, elle fonctionne toujours que d'un côté. Ils essayent de replacer un peu le fil, remettent une dose - ça me sèche, je m'endors illico. Paraît que les sage-femmes sont venues, je n'ai rien capté. Au réveil, il faut se rendre à l'évidence, la péridurale ne va fonctionner que d'un côté. Heureusement la douleur est tout de même bien atténuée, je sens les contractions mais ça reste supportable. Les heures passent, le même ballet chaque fois. On rencontre l'équipe de nuit, je dors de temps en temps, mon amoureux veille, je sens sa tête près de moi, il somnole et se redresse dès que je bouge un peu. Le son du cœur de mon bébé qui bat m'apaise. Tout est calme, on entend de temps à autre pleurer d'autres bébés qui naissent. Les heures s'écoulent lentement, paisiblement.

 

Vendredi 14 mai, 22h :

 

La poche des eaux est rompue depuis 12h, ils m’administrent donc des antibiotiques qui, je l'apprendrais 1 semaine plus tard, nettoient aussi des bonnes et mauvaises bactéries dans le corps de notre bébé et favorise l'arrivée des coliques. Les contractions reviennent douloureuses et me réveillent, je réajuste la péridurale, je sens qu'il faut que je me repose avant que l'on entame les poussées. C'est définitif, notre bébé ne naîtra pas le même jour que son tonton. 


Samedi 15 mai, 00h : 

 

On a coupé le son qui nous permettait d'entendre le cœur du bébé, l'alarme sonne régulièrement, on sens que l'équipe de nuit commence à s'activer autour de nous. La sage-femme nous explique que le cœur de Logan fait le grand huit sur les contractions. Trop lent. Trop rapide. Elle m'examine, je suis qu'à 7cm. Il faut accélérer le travail. Pour l'accouchement démédicalisé on repassera, ils me mettent une dose d'ocytocine. 1h du matin, nouvel examen, nouveau centimètre. 2h du matin, nouvel examen, nouveau centimètre « au fait, on vous a dit que votre bébé avait énormément de cheveux ? » 3h, nouvel examen, nouveau centimètre, encore trop lent, nouvelle dose d'ocytocine. Rapide échographie, Logan est bien descendu, mais il regarde vers le ciel, la sage-femme me fait tenter différentes positions. Côté en chien de fusil, à genoux sur le lit les bras appuyés sur le dossier relevé. Logan bouge, s'engage mais sa tête n'est toujours pas inclinée pour faciliter le passage. 4h, nouvel examen « Vous êtes à 9cm, on va tenter un truc, poussez sur la prochaine contraction, très bien, voilà, vous êtes à 10, je vais chercher mes collègues pour qu'on s'installe, votre bébé sera là dans l'heure qui arrive ».

 

Samedi 15 mai, 4h :

 

La sage-femme commence à aller chercher ses collègues. Doucement tout le monde s'installe. Je suis surprise de voir entrer non pas une mais un auxiliaire de puériculture, notre milieu est tellement plein de filles. Je leur dis que j'aimerai que notre bébé reste relié au cordon le plus possible. La sage-femme et lui sont hyper attentionnés, ils me demandent la permission avant chaque gestes, m'expliquent, m'encourage, me guide. Ils m'invitent à me faire confiance, je sais quand pousser, je sais comment le faire. Mon amoureux est super et sait exactement quoi dire, comment le faire. Après 30min de poussée, notre fils ne descend toujours pas. Il regarde encore vers les étoiles, il bute contre mon bassin. La sage-femme réalise une échographie rapide et appelle le médecin, il va falloir aider notre bébé avec une ventouse. Je voulais éviter ça, mais son cœur commence à ne plus assumer. Il doit sortir et vite. Le médecin arrive vers 5h, il se présente, m'explique les choses, je lui fais instinctivement confiance, il semble doux, n'a pas l'air d'avoir envie de forcer sur la ventouse pour aider mon fils. Il m'explique qu'il va simplement le guider pour le remettre dans l'axe. Je l'entends de très loin, les sons sont étouffés par les masques et les bip des machines. Il installe la ventouse, et me dis de continuer à pousser exactement comme si la ventouse n'était pas là. Il guide le bébé dans l'axe, sur une poussée, en douceur. Je sens sa tête qui sort. Une dernière contraction, une dernière poussée, je sens ses épaules qui passent. 5h17. « Comment il s'appelle ? » Je beugue, mon chéri répond « Logan ». Quelque chose traverse mon esprit « C'est bien un garçon au moins ? » La nana complètement perchée, mais on ne sait jamais dès fois qu'ils se soient plantés aux échographies !

 

Samedi 15 mai, 5h17 :

 

Ils ne peuvent pas l'amener sur ma poitrine, son cordon est trop court et je veux qu'ils le clampe le plus tard possible. On patiente, bébé est réchauffé avec des serviettes, il ouvre grand ses yeux « Maïlou il a les yeux bleus ! » Notre bébé est là, il glisse tellement que je n'arrive pas à l'attraper, je dis « dégueu », l'auxiliaire le nettoie rapidement avec une serviette. La sage-femme clampe le cordon, l'auxiliaire amène notre bébé contre moi. Il regarde autour de lui, surtout son papa, moi je ne peux pas voir son visage comme il est positionné. Je réalise d'abord que mon ventre est vide en le voyant si plat quand ils soulèvent le drap. La sage-femme me recoud, elle me demande toujours la permission avant de faire quelque chose, m'explique « deux points internes », je ne sens rien, je ne capte rien. Puis je réalise que c'est notre bébé, qu'il est là. Je pleure. Notre bébé lui ne pleure pas, il ouvre ses grands yeux. Mon chéri lui parle, lui fais des caresses, des bisous. Au bout de quelques minutes, on le voit, se décaler tout doucement, tout seul, pour aller téter, il soulève sa lourde tête, je l'aide un peu, il ouvre la bouche et laisse sa tête retomber sur mon sein. C'est assez magique, peut-être même puissant, je n'avais jamais vu ça en vrai. La sage-femme et l'auxiliaire nous laissent tranquilles. On entend un bruit caractéristique « Pierrou, rappelle la sage-femme ils ont oublié d'arrêter la péridurale ! » Bon, j'aurai eu une dose post-accouchement, la sage-femme revient, elle s'excuse, on rigole. Je veux prendre une photo de Logan, pour l'annoncer à nos familles et amis, l'appareil photo met le flash automatique, Logan se le prend dans la tronche. Mon chéri se marre « Ben au moins c'est pas moi qui aurait fait la première connerie avec lui. »

 

 

On reste un peu dans notre bulle, puis vers 6h nous envoyons des messages à nos familles pour annoncer la nouvelle. Vers 7h, juste avant le petit-déjeuner, nous redescendons en chambre, tous les trois. 

 

Avez-vous pris le temps de noter votre récit d'accouchement quelque part ?    

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